Il y a 2 mois environ, un pote me parlait d’une de ses amies, dont la force de caractère, le courage et l’état d’esprit le bluffaient totalement.
Tétraplegique , Lea n’a aujourd’hui plus le contrôle de ses jambes, et n’a qu’un contrôle partiel de ses bras.
Pourtant, même si sa vie a basculé, Lea a réussi à se relever de cette expérience douloureuse grâce à son mental d’acier, à son copain et à sa famille, et elle est parvenue à se reconstruire et à vivre à nouveau, avec joie, bonne humeur et énergie.
J’ai vraiment eu envie de vous la présenter car son mental et sa personnalité sont supers inspirants. C’est une sacré leçon de vie, qui nous remet bien à notre place et qui nous fait réfléchir sur beaucoup de choses…
Salut Lea, alors est-ce que tu peux commencer par te présenter rapidement?
Du coup, on est parti un week-end, on a loué du matos, fait un check-up avec un moniteur qualifié handi et hop c’est parti!
Ça a été le déclencheur et depuis j’ai fait de la pongée, de la chute libre, du parapente, du kite. Que des activités que je n’avais jamais pratiqué avant car je n’ai plus la même vie qu’avant, je suis moins autonome et des activités telles que l’handi surf ne me rassure pas du tout !
Je suis une flipette quand je fais une activité “seule” dans l’eau alors que valide j’étais sauveteur aquatique! quel comble!! Avant, je faisais que des sports individuels comme la gym, l’escalade, la natation, la course à pied, maintenant je fais des sports “à deux”.
Au départ c’est très difficile à accepter de ne pas pouvoir faire une activité seule, c’est pour ça je pense, que je m’oriente plus vers les sports que je n’avais jamais pratiqué, ça évite la comparaison “avant-après”.
Ma vie aujourd’hui est quand même nettement moins rythmée par le sport, j’apprécie d’autres activités (et pas juste l’apéro et la bouffe comme pourrait le dire Vincent…) comme lire un bon bouquin sur la plage par exemple. Mais j’avoue que parfois je me demande comment les gens qui n’aiment pas le sport occupent leur temps libre, ça pourrait m’inspirer, surtout les jours de pluie!
Toutes mes activités, je les pratique avec Steph, mais c’est super de skier ou plonger avec des potes. En ce qui concerne le kite, ce qui est génial, c’est de naviguer avec les gens, de les croiser et ne plus les attendre au pic du soleil sur la plage pendant 4h… Il y a pleins de sports et d’expériences qui m’attire comme le bobsleigh, la rando à ski, le buggy kite…
J’entends parler de Tamatoa Gillot qui amène des gens en kite tandem à Moorea, je l’ai donc contacté et dis que je voulais essayer. Il m’a répondu simplement, “ok, viens, on va trouver un moyen”.
Et voilà, on a sanglé mes pieds à la planche, j’ai enfilé un harnais culotte et c’était parti! Bien sur, Steph était là pour nous installer, lancer l’aile…
De retour en France, j’ai remis ça, (avec une combinaison 5mm vu la température de l’eau!!) avec Polo, un copain moniteur de kite à Lacanau, c’était génial, on a bien rigolé! Maintenant, dès que je peux, que le vent est bon, le spot adéquat et qu’un rider se sent de se coller à moi pour m’amener, je repars rider.
Ensuite, le fait d’avoir peu d’eau sécurise en cas de pépin, on peut tout larguer, la personne qui m’accompagne ne sera pas contraint de nager pour deux!
L’équipement: un simple harnais culotte auquel dans l’idéal, il faut ajouter de la mousse au niveau des sangles car ça cisaille vite car un para ou tétraplégique va glisser inévitablement dans son harnais.
Et pour la planche, deux paires de straps avec un scratch pour éviter le talon de se faire la malle.
Je suis devant et reliée à l’aile ce qui me tire vers le haut évitant celui qui est dernière de subir mon poids. Nos deux harnais sont par contre bien attachés.
La première sensation est celle de se retrouver debout! assez rare quand on est tétraplégique! Après, la glisse prend la place, la vitesse, les sauts… tout ce qui me sort de mon quotidien.
Ensuite, il faut calculer le matériel médical, anticiper la perte ou le retard de bagages quand on prend l’avion.Voyager en France en fauteuil avec le train, c’est génial, super adapté, des gens sont là pour aider et la sncf fait des tarifs préférentiels pour ceux qui sont obligés de voyager accompagner.
La merde, c’est l’avion! Je ne connais pas une seule compagnie aérienne qui traite les personnes handicapées comme des gens valides. Ils te convoquent 2 heures avant, pour te faire attendre 1h50; et une fois dans l’avion, ils t’installent à la place bien pourrie. Souvent en bout de rangée pour que les gens soient contraints de t’enjamber, loin des issues de secours (sélection naturelle) et entouré de gens : l’idéal quand tu dois te sonder avec du matériel stérile…
Oui car une fois assis, tu restes sur ton siège jusqu’à l’arrivée, ton siège est en soute donc tu ne bouges pas, tu attends que ça passe. Par contre si t’es enceinte ou avec un mioche en bas âge, alors là, oui t’as un super emplacement avec de la place et les hôtesses viennent de voir régulièrement…
Des rêves, j’en ai aussi beaucoup comme faire tous les états des USA en camion aménager, tester toutes les spécialités régionales françaises, traverser en vélo la France d’Ouest en Est de la Gironde en Savoie avec un vélo tandem bras (pour moi) et jambe (pour Steph)… En fait y a trop de trucs que j’ai envie de faire!!!